Highland Park
Les vikings ont occupé le nord de l’Écosse, soit. Il y a donc de grandes chances que ce soit le marteau de Thor qui ait causé les dégâts encore visibles et qui portent le nom d’Orcades… Les morceaux de terre sont nombreux, presque 70… Il s’agit d’îles à la géologie vallonnée et qui furent disséminées à une latitude similaire à celle de l’Alaska. La capitale des Orcades se nomme Kirkwall et c’est dans cette ville que fut construite la distillerie d’Highland Park. Depuis 1798, on fait donc du whisky dans une ville qui est plus proche de la Norvège que de Londres… D’ailleurs, la météo locale est là pour rappeler aux touristes de faire demi-tour, alors que finalement le climat est plutôt tempéré. Il est vrai que ce qui est parfait pour la maturation d’un whisky, ne convient pas forcément pour un bronzage estival.
Highland Park, ou comment ne pas suivre la mode mais rester dans le vent
L’élément le plus insupportable des Orcades, c’est le vent. Aucun arbre n’a pu résister à sa furie, et seules la bruyère et quelques tourbières sont tolérées. Ce sont elles qui vont donner leur fumée au whisky Highland Park, un breuvage qui ne cherche à copier personne. Depuis plus de 20 ans, la distillerie d’Highland Park sèche son malt avec la tourbe locale, une matière première 100 % bio et vieille de 4 000 ans. Le ramassage de cette tourbe se fait manuellement à quelques kilomètres de Kirkwall. Sa densité est telle qu’il faut tout le savoir-faire des maîtres distillateurs d’Highland Park pour maîtriser l’enfumage de l’orge maltée et combiner les arômes tourbés aux saveurs plus fleuries de l’orge.
Les conditions de vie sont si rudes, à cet endroit du monde, que l’on pourrait légitimement se demander pourquoi avoir installé une distillerie dans les Orcades. Si vous posez la question aux patrons d'Highland Park, ils vous répondront que, justement, le contexte de l’archipel est peut-être l’ingrédient le plus important pour l’élaboration de leurs breuvages. Plus que l’orge, la tourbe et l’eau pure, ce serait les conditions dantesques de Kirkwall qui leur permettraient de produire un whisky de caractère.
Highland Park, small is beautiful
La situation géographique de la distillerie Highland Park en fait une enclave très éloignée des principales régions productrices de whisky écossais. Cet éloignement n’est pas seulement géographique, en nombre de distilleries l’archipel des Orcades est également à part (2 distilleries sont en activité)… La région la plus pourvue en distilleries est celle du Speyside, suivie de près par celle des Highlands (plus d’une trentaine). Si la mythique région Islay, réputée pour ses whiskies ultra-tourbés (Lagavulin, Laphroaig…), est d’une superficie similaire à l’archipel des Orcades, le nombre de ses distilleries y est supérieur (9 distilleries actives). Pour toutes ces raisons, le whisky Highland Park a raison de revendiquer son exclusivité et sa rareté.
Une solitude bienvenue
L’isolement d’Highland Park a obligé les maîtres distillateurs à acquérir une méthode de travail autonome. Le malt est ainsi produit sur place, séché grâce au stock de tourbe presque infini et distillé à Kirkwall dans l’un des quatre alambics. Déguster un Highland Park 15 ans Viking Heart, c’est donc faire connaissance avec un excédent d’une terre aride et visitée par les vikings. C’est également affronter les vents et les marées des Orcades.