ARRAN
De par ses hautes collines et ses terres balayées par les vents venus de ses denses forêts et du Firth of Clyde, l’île d’Arran est qualifiée par les géologues de paradis terrestre. Depuis quelques années, elle est également devenue le paradis des amateurs de whiskies. La première distillerie de cette île montagneuse de 430 km2 n’a été fondée qu’en 1995 et elle n’a eu le droit d’estampiller sa production d’eau de vie de l'appellation Scotch whisky que trois plus tard. C’est dire le chemin parcouru en si peu d’années par Robert Currie, un ancien directeur de la célèbre maison Chivas, et ses collaborateurs.
Whisky Arran : turbulent, mais respectueux
Si l’on comptait au XVIII e siècle de nombreuses distilleries indépendantes sur l’île d’Arran, aucune ne put adapter sa production pour répondre à une demande plus soucieuse de quantité que de qualité. Ne pouvant rivaliser avec les grands producteurs du reste de l'Écosse, les distilleries de l’île d’Arran disparurent jusqu’à ce qu’en 1995 le projet porté par Robert Currie ne permette de démontrer tout le potentiel de cette contrée magique. De nos jours, Arran compte à son actif deux distilleries, celle inaugurée en 2019 à Lagg (au sud) venant épauler la distillerie historique de Lochranza (au nord).
Se faire remarquer pour de bonnes raisons
Ne souhaitant pas produire un whisky de plus, mais tout de même conscient du potentiel de celle que l’on nomme également la “petite écosse” (en raison de la variété de ses caractéristiques géologiques), les fondateurs d’Arran décidèrent de démontrer la qualité de leur whisky en insistant sur sa pureté. C’est ainsi que toute l’attention fut portée sur l’Arran single-malt 10 ans d'âge qui, s’il a connu de nombreux relookings depuis sa première mise, reste la cuvée emblématique d’Arran. Non filtré à froid, titrant 46% d’alcool, ce whisky ose se montrer sans artifices et dans son jus d’origine, ou presque.
Une fois ce premier test réussi, Arran à tout osé. Des malts originaux élaborés à partir d’une sélection d’orges rares aux alambics en cuivre ciselé, des fûts sélectionnés ayant vieillis de grands sauternes à l’assemblage de jus issus d’une double, voire d’une triple distillation, Arran a tout tenté pour se faire remarquer. Le premier Arran tourbé en est la preuve ultime : dénommé Machrie Moor, il s’agit d’un rejeton de la distillerie Lagg, celle du sud, capable de damer le pion aux Lagavulin et autre Laphroaig.
Respecter les traditions
Innover tout en étant conscient d’être adossé à un passé prestigieux et assis sur un terroir façonné par le temps permit à Arran de recevoir la visite de sa majesté Elizabeth 2, en 1997, à l’occasion de l’inauguration de la première distillerie, celle du nord. Deux fûts de whisky furent même offerts à Harry et William, ce qui ne permit malheureusement pas d’éviter leurs fâcheries à venir. Comme quoi, si les whiskies Arran sont magiques, ils le sont peut-être seulement pour les choses qui en valent la peine…
Whisky Arran : un exemple de leur magie
Un peu de chauvinisme pour démontrer l’originalité dont savent faire preuve les maîtres-distillateurs d’Arran en évoquant ce single-malt Sauternes Cask finish. Ce whisky est d’abord élevé durant 8 ans dans des fûts de chêne traditionnels avant d’être affiné dans une sélection de fûts de vin de Sauternes. C’est un petit producteur bordelais qui réserve ses meilleures barriques pour Arran en échange de quelques bouteilles pour “service rendu”... Il s’agit d’un whisky plus doux que l'emblématique 10 ans d'âge et qui s’accorde parfaitement avec les desserts glacés et fruités.