Dillon
Lorsque vous dégustez un verre de rhum, vous remontez aux origines. C’est l’un des effets si fascinant de la rétro-olfaction, un processus qui permet aux papilles de percevoir les arômes les plus évanescents captés lors de la distillation. Tentez donc l’expérience avec le rhum Dillon millésime 2004 et partez à la découverte des origines en débutant votre périple par le boisé des barriques, puis les épices et la cannelle, en passant par la vanille, avant d’arriver à bon port en assistant au déballage des cargaisons de fruits compotés.
Ce même voyage aux confins des saveurs, vous pouvez l’effectuer en écoutant l’histoire d’Arthur Dillon… Un homme pas ordinaire et qui a donné son nom à un rhum sans jamais en avoir produit…
Dillon, où comment remonter aux origines grâce au rhum
Chapitre 1 : une escale en Martinique
Arthur Dillon est militaire irlandais avant de passer au service de la France en 1689. Il intègre la brigade irlandaise voulue par Louis XIV, une brigade qui ensuite sera désignée du nom de Brigade Dillon. Maintenant que le nom de Dillon est définitivement lié à l’histoire de France, faisons place au petit-fils qui, dès l’âge de 15 ans, va intégrer la brigade qui porte son nom, soit 80 ans après son grand-père. Dix ans plus tard, Arthur est encore jeune mais il commande un régiment irlandais qui fera escale en Martinique au moment de la guerre d’indépendance des colonies britanniques. Vous voyez où on veut en venir ? Alors attendez de lire la suite, laissez-vous faire comme au moment de la dégustation du millésime 2004, laissez-vous guider jusqu’aux origines en vous éloignant du passé… Une rétro-olfaction chronologique, en somme…
Chapitre 2 : mariage de coeurs et de saveurs
En Martinique, Arthur Dillon est hébergé chez Laure de Girardin de Montgérald, une cousine de Joséphine de Beauharnais, qui n’est pas encore l’épouse de Napoléon. Après quelques jours de repos que l’on espère agréables, Dillon quitte La Martinique pour continuer sa carrière de militaire. Il participe à la conquête de la Grenade et devient brigadier des armées de Louis XVI. Nommé Gouverneur de Saint-Christophe (une île des Caraïbes), puis de Tobago, il revient en Martinique en 1784. Il est veuf depuis deux années et il retrouve Laure de Girardin qui acceptera mieux son propre veuvage en épousant Dillon à Paris, en l’église Saint Sulpice. On s’éloigne subitement de Martinique, mais attendez la suite. Les saveurs d’un passé trouble et tellement épique vont bientôt faire disparaître Dillon dans le tourbillon révolutionnaire et pourtant son nom restera gravé à jamais sur la pierre de l’Arc de Triomphe et imprimé sur des étiquettes de rhums.
Chapitre 3 : perdre la tête, mais pas le panache
Accusé avec Lucile Desmoulin par le tribunal révolutionnaire d’avoir tenté de fomenter une révolte, Arthur Dillon est guillotiné en 1794. Et alors que vous pensiez être arrivé au terme d’un périple aux séquences qui se succèdent, comme se succèdent les arômes exaltés d’un rhum savamment vieillis, en 1857 le maire de Saint-Pierre décide de racheter le domaine qui appartenait à la famille de Laure de Girardin, l’épouse de Dillon. Un domaine qui, au moment de leur mariage, était devenu La Dillon.
Epilogue
Le rhum Dillon n’a donc pas été créé par Arthur Dillon… Après une faillite en 1866 et une destruction des bâtiments par un cyclone en 1891, on se demande encore ce qui a bien pu inciter un certain Raphaël Domergue à tout reconstruire en 1928. Et surtout, comment le nom de Dillon est resté dans les mémoires.
Le rhum Dillon ne doit rien à Arthur sinon tout l’épice et les saveurs d’une vie picaresque et riche en émotions. Alors, et en souvenir de tant d’aventures, que diriez-vous de déguster un fleuron de la distillerie Dillon ? Comme le rhum Brut de fût 2013… Une série numérotée élaborée à partir d’un assemblage des meilleurs jus mis en barriques au cours de l’année 2013… 13… Comme le 13 avril 1794, le jour où la tête d’Arthur chuta dans un seau sciure.
