BRUICHLADDICH
Si la nature a fait l’orge, les rivières et les chênes, c’est bien l’homme qui a fait le malt et les barriques de vieillissement… Pour toutes ces raisons, il nous semble judicieux de préciser que si le succès de Bruichladdich doit beaucoup à la nature, sans l'intervention de Mark Reynier, il n’est pas certain que les whiskies de cette distillerie auraient pu connaître une telle reconnaissance.
Qui est Mark Reynier ?
Mark Reynier est un théoricien et un praticien. Ayant fait ses classes dans le monde du vin, il constate que la “main de l’homme” a plus de magie quand elle agit sur la distillation et l’affinage des distillats. Alors, et puisque le vin ne distille pas le raisin mais le laisse fermenter, il s’intéresse de plus près à l’élaboration des eaux-de-vie. Comparant le travail des maîtres-distillateurs à celui des parfumeurs, il décide même de se lancer dans l’aventure du whisky en rachetant Bruichladdich. Il réussit pour cela à convaincre des investisseurs privés, séduits par la “petite folie” du bonhomme. Bruichladdich est à l’époque une distillerie en déshérence dont personne ne veut, le prix de vente est donc raisonnable…
Si Mark Reynier doit lutter contre l’immobilisme de ceux qui se vantent d’être les garants d’une certaine tradition du whisky écossais, il réussit malgré tout à imposer sa patte sur une production atypique et remarquée. Mais le prix de cette réussite attire les convoitises, ses amis investisseurs décident de vendre leurs parts au groupe français Rémy Cointreau et Mark Reynier, fidèles à ses principes d'indépendance, préfère démissionner.
Depuis ? Bruichladdich profite encore du savoir-faire hérité de celui qui a réussi à relancer la distillerie et Mark Reynier a déjà à la tête de deux autres affaires : le whisky irlandais Waterford et le rhum Renegade.
Un exemple de whisky qui n’en finit pas de Reynier…
Mark Reynier a imposé sa vision de la production du whisky à Bruichladdich, et cette vision est simple : tout part de la terre, et de l’eau… Son obsession fut d’abord de sélectionner les meilleurs ingrédients (orge et levures), afin de produire des malts expressifs de leur terroir, avant de laisser les dégustateurs louer sa science de l’élevage, ou plus précisément du “finish”. Ce terme, que nous pourrions traduire en français par “affinage”, est réfuté par Mark Reynier qui juge que tout se joue au moment de la distillation. Le vieillissement ne devant pas corriger des défauts, mais sublimer la palette aromatique d’un distillat.
Bruichladdich The Organic 2011
Alors que traditionnellement les whiskies écossais, à l’instar du rhum ou du cognac, inscrivent sur leurs étiquettes la durée de vieillissement, Bruichladdich fut parmi les premiers à millésimer ses cuvées. Le passé de Mark Reynier a sûrement incité à innover en la matière, l’idée ultime étant de préciser ensuite la date de mise en bouteille. Concernant spécifiquement cette cuvée, ce millésime 2011 a vocation à incarner le projet éco-responsable initié par les repreneurs de Bruichladdich. L’orge biologique est ainsi distillée dans les fameux “Pot-still”, des alambics à col resserré qui permettent de limiter le reflux du premier distillat et donc d’obtenir un jus final d’une plus grande pureté aromatique. Le vieillissement qui s’ensuit procure à ce Bruichladdich The Organic 2011 une bouche crémeuse et des arômes miellés de pomme et de cannelle.