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  2. Whisky : que dit la loi en matière de douane et quelles sont les conséquences des annonces de donald trump ?

Les lois douanières relatives au whisky et aux alcools dépendent des réglementations nationales et des accords commerciaux internationaux. Aux États-Unis, les douanes sont régies par le U.S. Customs Service, qui est placé sous l’autorité du Département de la Sécurité intérieure, tandis que les taxes sur les alcools importés relèvent du Trade and Tariff Act et des décisions de l’Administration en place (l’équivalent de notre Gouvernement). Les taux de droits de douane appliqués aux importations, comme le whisky, varient selon les accords bilatéraux ou multilatéraux (c’est en partie le rôle  de l’OMC ou Organisation Mondiale du Commerce) et peuvent être modifiés par des décrets présidentiels, comme ceux annoncés récemment par Donald Trump.

 

Quel est l’objectif de Donald Trump ?

Donald Trump est un businessman et même s’il est présenté en Europe comme le méchant qui cherche à déstabiliser le commerce mondial, il a d’abord été élu pour redresser l’économie de son pays et infléchir les dépenses liées à l’armement et à un intervionnisme coûteux à l’étranger. Ce qu’il a nommé le "Liberation Day", en avril 2025, a introduit des droits de douane réciproques massifs destinés à mieux protéger un marché intérieur envahi de produits asiatiques (il n’y a qu’à voir la ville New-York où l’intégralité de la flotte des taxis jaunes est pourvue par des marques japonaises ou coréennes). Donald Trump ne veut plus tomber dans le piège de ses prédécesseurs démocrates et laisser seules la Chine ou le Japon ne consacrer qu’un budget infime à l’armement (ces pays n’ayant pas d’industrie militaire) et privilégier le commerce, tandis qu’aux USA les lobbies de l’armement monopolisent depuis des lustres une grande partie des finances nationales. 

 

Whisky et Bourbon : frères ennemis

Concernant le whisky spécifiquement, une escalade a débuté plus tôt, en mars 2025, lorsque Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 200 % sur les vins, champagnes et alcools européens (incluant potentiellement le whisky écossais ou irlandais) si l’Europe ne supprimait pas ses nouveaux tarifs de 50 % sur le whisky américain (bourbon notamment). Cette menace faisait suite à une riposte de l’UE aux taxes américaines de 25 % sur l’acier et l’aluminium, entrées en vigueur le 12 mars 2025. À partir du 5 avril 2025, un tarif plancher universel de 10 % s’appliquera à toutes les importations destinées aux États-Unis, auquel s’ajouteront des surtaxes spécifiques : par exemple, 20 % pour les produits de l’UE, appliqués dès le 9 avril. Bien que les annonces générales ne ciblent pas explicitement le whisky importé au départ, la menace de 200 % sur les alcools européens reste en suspens et pourrait être activée si les tensions persistent notamment au sujet de l’Ukraine. 

Pour les exportateurs de whisky américain (bourbon), les droits de douane européens de 50 % instaurés en représailles, augmentent le prix de cet alcool made in USA sur le marché européen, réduisant sa compétitivité. Historiquement (2018-2021), des taxes similaires avaient fait chuter les exportations américaines vers l’UE de 20 %, et un effet comparable est attendu.

Les producteurs américains, comme ceux du Kentucky, risquent de perdre des parts de marché, notamment face aux whiskies écossais qui peuvent, comme les whiskies de grain, tel que le Spearhead, proposer des notes aromatiques similaires au bourbon.

Pour les exportateurs européens (scotch, whisky irlandais), si la menace de 200 % de taxes se concrétise, le prix du whisky écossais ou du whisky irlandais aux États-Unis deviendrait prohibitif, anéantissant pratiquement ce marché clé (les États-Unis représentant environ 4 milliards d’euros d’exportations annuelles de vins et spiritueux européens).

Selon des représentants et les syndicats des fabricants de whisky en Europe, les taxes qui vont s’accumuler entre les différents pays vont augmenter les prix à la consommation (une étude de Yale prévoit une hausse générale des prix de 2,3 %) et donc une inflation galopante. La Chine, qui dispose d’un marché domestique important, a déjà augmenté de 34 % ses taxes sur les produits américains, et l’Europe prépare une riposte plus large (22 milliards d’euros de taxes votées le 9 avril). Si cette escalade menace l’économie mondiale, avec des prévisions de croissance revues à la baisse, elle va donner aux whiskies français une chance unique de conquérir enfin les palais nationaux !