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Depaz

Si un jour vous décidez d’investir votre argent de poche dans le rachat d’une distillerie dans le but de produire du rhum, respectant en cela le dicton si pertinent : « On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même », vous aurez le choix : 

       Soit de produire un rhum en distillant un pur jus de canne à sucre fermenté, ou vesou.

       Soit de produire un rhum en distillant de la mélasse de canne à sucre.

Les deux camps s’affrontent pour revendiquer que la mélasse c’est mieux que le jus, ou que le jus c’est mieux que la mélasse, mais l’évidence des chiffres s’impose : 80 % des rhums produits dans le monde proviennent de mélasse distillée… 

Cette question du choix de la matière première à privilégier, La Martinique l’a définitivement tranchée en 1996 en créant son AOC Rhum Agricole de Martinique. Le projet de cette Appellation d’Origine Contrôlée était double :

       Favoriser les plantations locales de canne à sucre en exigeant une qualité indiscutable de récolte.

       Démontrer que le premier jus d’une canne à sucre permet de produire des rhums plus fins et plus aromatiques que la mélasse (qui est le résidu obtenu lors de l’extraction du sucre).

Pour tenter d’aller dans le sens du défi lancé aux rhums de mélasse par les rhums de Martinique, jetons un œil et un palais curieux à la production de la marque Depaz. Fondée en 1651, c’est l’une des distilleries les plus anciennes encore en activité.

La Martinique : un terroir unique

À l’origine, il y a un domaine agricole produisant du tabac, mais pas de rhum. Il y a également un homme, Victor Depaz, qui donnera son nom à un rhum qui continue de faire un tabac… Car le succès du rhum Depaz n’est pas récent, il remonte aux années 1850, à une époque où la prospérité de La Martinique est telle que la ville de Saint Pierre est surnommée « Le petit Paris des Antilles ». Le terme de cette embellie correspond au réveil du volcan de la Montagne Pelée qui, en 1902, vient engloutir de sa lave la ville de Saint Pierre et la plupart de ses habitants. Victor Depaz est au même moment en métropole. Orphelin et sans un sou, il décide d’aller vivre au Canada avant de renoncer et de revenir s’installer en Martinique. Il réussit à convaincre des investisseurs locaux, fait fabriquer une distillerie et relance la production du rhum. Il fait d’un mal un bien en plantant sur les flancs du volcan endormi de la canne à sucre qui va ainsi profiter de l’extrême fertilité de la terre volcanique. Moins de 20 ans après l’éruption de la Montagne Pelée, Victor Depaz a déjà fait construire une demeure sublime, surnommée le château Depaz, à l’identique de celle de son enfance. Il s’y installe avec sa femme ses onze enfants et ce seront les jumeaux Henri et André qui prendront la suite de leur père lorsque celui-ci meurt en 1960.

Rhum Depaz : un savoir-faire centenaire

La distillerie Depaz tient à respecter un héritage né de la volonté d’un homme qui a tout reconstruit après avoir tout perdu. La canne à sucre est celle produite par le domaine et son broyage est réalisé à l’ancienne dans de vieilles machines fonctionnant encore à la vapeur afin d’obtenir un vesou d’une belle limpidité. Le vieux rhum Depaz Plantation est le parfait exemple de ce que peut produire de meilleur l’AOC Rhum Agricole de Martinique. Élevé durant 3 ans dans des barriques de chêne, ce rhum de caractère est d’une grande délicatesse en bouche. Lors du concours Spirit Business en 2023, il fut ainsi décrit : « Agréable, complexe et délicieux »… Un peu à l’image des gens du pays, non ?